M. Davide Loriga, duo à la Collectivité de Corse
En quoi a consisté votre journée ? Quelles sont les différentes tâches que vous avez effectuées durant ce duo ?
J’ai fait le Duoday au pôle solidarité de la Collectivité de Corse où j’ai été affecté à l’accueil. J’étais donc en contact avec le public et je devais orienter les personnes dans les différents services. J’ai également participé au triage du courrier et à la distribution ainsi que quelques tâches administratives diverses.
Qu’est-ce qui vous a motivé à participer au dispositif ?
Je suis actuellement en recherche d’emploi et inscrit à Cap Emploi. Je venais d’effectuer une semaine d’immersion en milieu professionnel dans le domaine du social lorsque l’on m’a proposé cette journée d’immersion supplémentaire.
J’ai un parcours assez atypique : à la base je suis maître en langues romanes, j’ai deux maîtrises sur le sujet. Comme je ne trouvais pas dans ma branche, j’ai été embauché dans une entreprise de coursiers pour professionnel dans laquelle j’ai commencé comme livreur pour finir comme co-gérant. J’ai également été conseiller Pôle Emploi, j’ai eu des expériences diverses dans l’enseignement et en tant que commercial.
Vu le marché du travail en Corse, j’ai du mal à trouver une place. J’ai des contraintes au niveau physique, notamment au niveau du port de charges lourdes. Je suis actuellement en train de réaliser un bilan de compétences pour mieux définir ce vers quoi je pourrais m’orienter et où je pourrais trouver du travail.
Avec ces multiples expériences, ce Duoday était surtout pour moi l’occasion d’étendre mon réseau professionnel pour trouver un poste à terme.
Êtes-vous satisfait de l’adéquation entre votre parcours et le duo qui vous a été proposé ?
Même si je ne vise pas forcément un poste d’accueil sur le long terme, ce sont des compétences qui me seront utiles dans la suite de mon parcours professionnel et que j’ai déjà pu travailler lors de précédentes expériences professionnelles. De manière globale, le secteur social m’intéresse particulièrement.
Il y a aussi une réalité : je suis dans l’obligation de m’adapter aux vues de mes nouvelles conditions de santé. Il y a plusieurs facteurs à prendre en compte : le facteur santé et mes restrictions au niveau physique mais aussi le marché de l’emploi en Corse, avec relativement peu d’offres et un taux de chômage assez élevé.
Comment avez-vous trouvé votre place avec votre duo et le collectif de travail ?
Nous avions même un trio, cette journée a été un « trio-day » pour moi. J’ai travaillé avec la personne dédiée à l’accueil et également avec un agent qui effectuait des tâches administratives diverses comme de la saisie dans le cadre de la fusion entre la Collectivités de Corse et les 2 Conseils départementaux. Plus tard dans la journée, j’ai demandé à visiter l’ensemble des locaux afin de mieux me rendre compte des différents organes présents dans l’établissement comme par exemple le service de la PMI (Protection Maternelle et Infantile).
L’accueil a été très bon, j’ai eu l’occasion de parler avec plusieurs personnes curieuses de connaître les raisons de ma présence. En fin de journée, certaines m’ont dit avoir l’impression que j’étais là depuis longtemps, un peu comme un collègue détaché d’une autre administration pour faire un remplacement. J’ai trouvé que c’était plutôt un beau compliment
Quel bilan feriez-vous de cette journée ?
Le bilan est plutôt positif parce qu’humainement parlant je suis tombé avec des personnes prévenantes qui m’ont mis à l’aise, avec qui nous avons beaucoup échangé. Comme je le disais, il s’agissait surtout de faire du réseau dans un secteur qui m’attire. Nous verrons bien si cela débouche sur quelque chose dans l’avenir.
Qu’est-ce qui aurait pu améliorer cette journée ?
Concrètement, il me semble que l’immersion d’une seule journée peut être un peu courte dans certains contextes. Il est difficile de vraiment tout voir dans un si petit laps de temps, et sur une journée nous sommes beaucoup soumis au calendrier. Par exemple, durant mon Duoday, nous étions en période de vacances scolaires et il n’y a pas eu une très grande affluence, j’ai beaucoup observé. Peut être que 2 ou 3 jours seraient plus propice pour une découverte approfondie et pour soi-même exercer le métier. On pourrait rebaptiser l’opération « DuodayZ » au pluriel !
Propos recueillis par François Le Saux – Mari, chef de projet Handi-Pacte Corse
Yvan Le Guyader, responsable du service santé et environnement à l’ARS et tuteur lors de l’opération Duoday
Comment avez-vous eu connaissance de l’opération Duoday ? Qu’est-ce qui vous a motivé à proposer votre candidature ?
C’est la DRH de l’ARS qui m’a sollicité quelques jours en amont de l’opération pour savoir si des personnes étaient intéressées pour être tutrices, ou plus largement si des services étaient volontaires pour accueillir une personne handicapée durant cette journée. Cela m’a tout de suite interpellé car pour des raisons personnelles, c’est une thématique qui me touche. Cela m’a également intéressé parce ce que nous avions justement des besoins en termes d’archivage, de classement, de destruction de documents et nous avons pensé que cela pouvait être pertinent dans le cadre d’une activité d’insertion ou de réinsertion.
En plus, cela faisait écho à d’autres initiatives menées en parallèles telles que les projets « culture et santé » promus par l’ARS. Ce sont des actions réalisées dans des ESAT ou des établissements médicaux sociaux pour permettre aux résidents d’exprimer leur créativité en réalisant des œuvres d’art. Nous accueillons régulièrement dans nos locaux les productions de ces ateliers et je suis souvent bluffé du résultat.
Comment s’est déroulée votre journée avec votre duo ? Quelles étaient ses tâches ?
Je suis responsable du service santé et environnement à l’ARS en Haute-Corse. Nous travaillons principalement sur toutes les problématiques et enjeux de santé publique en lien avec les milieux dans lesquels nous vivons (habitat, air, eau, etc.). Nous intervenons aussi sur les projets d’aménagement du territoire (urbanisme, plans et projets).
La stagiaire a occupé pendant une journée un poste d’attaché de secrétariat dans le service. J’ai changé de bureau il y a quelque temps et j’avais des dossiers en souffrance qui étaient restés dans mon ancien bureau. Il y avait un vrai besoin de classement, d’archivage et de transfert de dossiers. Les tâches proposées incluaient donc un peu de manutention, même si nous disposons de charriots ou de diables. Il y avait aussi une partie étiquetage et destruction avec broyeuse sur les dossiers « sensibles ».
Au départ, j’avais prévu essentiellement des temps pour que la personne découvre l’environnement professionnel, un peu comme un stage d’observation, mais elle était très active et investie si bien qu’elle demandait sans cesse des choses à faire. Du coup, le stage s’est plutôt déroulé dans l’action. Pour moi c’était une belle réussite.
Pour exemple, à un moment donné j’ai reçu l’appel d’un élu, pour une problématique d’ondes électromagnétiques en lien avec une antenne relai. Mon duo étant dans mon bureau, elle m’a immédiatement questionné sur les enjeux de santé public sur lesquels je travaillais. Elle était d’une grande curiosité, constructive, c’était très agréable. Elle s’est facilement projetée dans cette problématique et m’a demandé ce que nous faisions concrètement pour répondre aux préoccupations des élus et des riverains. Elle a vraiment participé à la vie du service. Finalement nous sommes arrivés à 17h sans nous en rendre compte, le temps est passé très vite.
Comment s’est passé son intégration et quel effet cette journée a-t-elle eu dans votre collectif de travail ?
J’avais présenté en amont le dispositif au service que je gère, dans lequel nous sommes 8. Tout le monde a trouvé que c’était une belle initiative. La personne a été bien accueillie et bien intégrée. En plus, j’ai eu une réunion imprévue le matin et j’ai dû confier son accueil et son encadrement à une autre personne du service. Tout s’est fait naturellement et tous ont été ravis, tant par sa gentillesse que par sa capacité à réaliser son travail.
Le Duoday est une opération qui pourrait être amenée à être reconduite chaque année, quelles améliorations seraient pertinentes selon vous ?
Une journée ce n’est pas assez, tant pour le tuteur que pour le stagiaire. On reste un peu sur notre faim. Je pense que la personne pourrait mieux s’immerger et mieux faire valoir ses qualités sur une plus longue durée. L’autre question c’est aussi : quelle suite donner à cette journée d’immersion ? Comment cela peut-il être utile au mieux à la personne ?
Êtes-vous satisfait de l’adéquation entre le parcours de la personne que vous avez accueillie et le duo que vous avez proposé ?
Totalement. On m’avait demandé de définir au préalable la fiche de poste pour la journée, les heures de travail, les contraintes de poste, notamment concernant les aspects physiques comme la manutention ou le port de charges.
Les contraintes de la personne étaient compatibles avec le poste grâce à Cap Emploi qui était en charge de proposer des candidats, donc c’était parfait. On a même fini par « oublier » son handicap, certains collègues sont même venus me demander ce qu’elle avait. En conclusion, c’était une belle expérience humaine et professionnelle pour nous, service tuteur. Nous avons eu le plaisir d’accueillir une stagiaire qui a donné pleinement satisfaction sur les missions qui lui ont été confiées.
Seriez-vous prêt à reconduire l’expérience ?
Oui tout à fait, sans aucuns soucis, et même sur une durée un peu plus importante. Nous avons des tâches de secrétariat, de transmission de bulletin d’analyse, de mise à disposition d’informations. Donc si nous disposions d’une période un peu plus longue, nous pourrions imaginer un temps de formation sur une journée et nous pourrions organiser les choses différemment.
Propos recueillis par François Le Saux – Mari, chef de projet Handi-Pacte Corse