
Elles ont suivi les webinaires pendant le confinement, Elles nous en parlent !

Témoignages de Danièle Weber, conseillère à l'action sociale et à l'environnement professionnel, Plate-forme régionale d'appui interministériel à la GRH (PFRH), Secrétariat général pour les affaires de Corse et Justine Amar, conseillère en Insertion Professionnelle au Cap Emploi de Bastia
Quels sont les webinaires auxquels vous avez pu participer ? Etiez-vous satisfaites des moyens techniques mis en œuvre ?
DW - J’ai participé à tous les webinaires sauf le premier, celui sur les stéréotypes et le handicap, en raison d’un planning contraint. Personnellement, j’ai participé aux différentes séquences via le système audio disponible sur le téléphone professionnel mis à disposition par mon employeur ; les capacités d’accès au mode visio étant de mauvaise qualité sur cet équipement, j’ai apprécié que les webinaires soient accessibles en audio. Le seul point négatif lorsque l’on est uniquement en audio est l’impossibilité de suivre en direct les supports pédagogiques diffusés à l’écran en temps réels. Le point positif est l’envoi très rapide de ceux-ci sur les adresses mails permettant une lecture confortable au regard du temps écoulé avec l’audio. Au sein de la PFRH, nous sommes plusieurs à avoir pu suivre soit en temps réels soit en replay les webinaires et à pouvoir apprécier la qualité des interventions et des documents transmis à l’issue.
La visio est un format particulier auquel il faut s’adapter : on doit être concentrée au maximum pour pouvoir suivre le propos
JA – Pour ma part, j’ai justement participé au premier webinaire sur les stéréotypes, préjugés et biais décisionnels, et aux 4ème et 5ème intitulés « Recruter sans discriminer : mission impossible ? » et « Recruter des personnes handicapées : quels enjeux ? ». Je compte également regarder le 3ème en replay sur les évolutions réglementaires dans le champ du handicap au travail en 2020.
J’ai pu suivre les webinaires grâce à la visio et dans l’ensemble, tout s’est très bien passé malgré quelques coupures dues au grand nombre de participants. Le partage d’écran avec les supports était en effet très appréciable.
Le format également était très correct : 1 h ce n’est pas trop long, ni trop court. La visio est un format particulier auquel il faut s’adapter : on doit être concentrée au maximum pour pouvoir suivre le propos.
L’intervention de l’animateur était retranscrite et sous-titrée en temps réel grâce à un partenariat avec TADEO, c’était une belle initiative.
Que pensez-vous des thèmes abordés ?
DW - La chronologie des thématiques était bien élaborée, construite de manière progressive et bien amenée, en partant d’un contexte général vers un segment plus spécifique, avec une ouverture sur le dernier webinaire par un parallèle avec le management de la singularité dans les politiques d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Je participe à toutes les instances d’échange du Handi-Pacte, et j’ai bien sûr retrouvé du contenu que nous avions abordés à ces occasions, mais une piqûre de rappel fait toujours du bien et permets de rafraîchir les connaissances. Les webinaires prévoyaient aussi un temps d’échange avec les participants, et les questions posées à ce moment amenaient un vrai plus car elles permettaient d’aller plus loin, de creuser le sujet et de favoriser des pistes de réflexion pour conduire des actions futures, notamment en matière de formation.
Les questions posées pendant le webinaire amenaient un vrai plus
JA - Je me suis centrée sur les thématiques autour du recrutement, car c’étaient les plus en lien avec mon métier au quotidien en tant que conseillère, par rapport aux demandeurs d’emploi handicapés. Je sais que plusieurs de mes collègues ont également regardé les webinaires et nous débriefons d’ailleurs entre nous pour s’échanger les informations importantes.
Avez-vous appris des nouvelles choses ? Quelles sont les grandes idées retenues ?
DW - J’ai particulièrement apprécié le webinaire sur le maintien dans l’emploi, notamment la partie sur le rôle de la médecine de prévention. La place et le rôle du médecin et la bonne manière de collaborer avec lui est un questionnement plusieurs fois évoqués par différents référents handicap avec qui je suis en contact. Redélimiter le champ d’intervention du médecin, ses possibilités sur « le faire », « le dire » et « l’entendre » (avec notamment la notion de secret médical) est éclairant. La notion de pluridisciplinarité dans l’examen d’une situation de handicap est pour moi essentielle, avec la prise en compte d’un avis collégial et de plusieurs facteurs dans la prise de décision, examinés de différents points de vue (RH, encadrement et médical notamment).
Il est important de comprendre que l’administration n’est pas seule et que l’agent ne doit pas avoir de crainte par rapport à une décision unilatérale et arbitraire. La pluridisciplinarité en est une garantie et cela a un impact positif par rapport à la prise de parole sur le handicap et la déclaration éventuelle de l’agent.
J’ai mesuré un peu mieux la difficulté que peuvent avoir les managers à appréhender le sujet dans le cadre d’un entretien professionnel ou d’un recrutement
La manière d’aborder le sujet du handicap en entretien était aussi un sujet intéressant ; les positions à adopter que l’on soit le manager, l’agent en situation de handicap, ou le collectif de travail ne sont pas simples et évidentes.
Bien communiquer auprès de l’équipe pour faciliter l’intégration (ou un retour à l’emploi le cas échéant) et réussir à amener l’agent à évoquer sa situation de manière ouverte – toujours dans les limites du secret médical - afin de lutter contre les stéréotypes qu’il peut y avoir sur le sujet, sont deux éléments à prendre en compte dans une politique interne de prise en compte du handicap.
Si on reprend tous les webinaires, il y a de nombreux éléments qui invitent et nourrissent la réflexion sur la manière de mener une politique handicap notamment pour les employeurs relevant du secteur public, à savoir : comment aborder le sujet, quels sont les moyens à leur disposition, quels sont les différents acteurs internes et externes …. Le champ des possibles est large, dès lors qu’il y a une volonté de faire !
Enfin, j’ai mesuré un peu mieux la difficulté que peuvent avoir les managers à appréhender le sujet dans le cadre d’un entretien professionnel ou d’un recrutement. Même si on en parle depuis un moment, je ne suis pas persuadée que tous les managers soient outillés pour ça. Et encore moins concernant les équipes qui ne sont pas forcément sensibilisées sur le sujet pour recevoir et accueillir correctement une personne en situation de handicap, sans gêne, même s’ils disposent pour la plupart de guides élaborés par leurs ministères respectifs.
J’ai eu l’impression que ce questionnement revenait souvent de la part des participants : savoir quelle attitude adoptée, savoir ce qu’il est possible de dire sans être discriminant...managers ou agents en situation de handicap, il semble qu’un frein psychologique existe et demeure malgré les dispositifs mis en place et l’évolution des mentalités. JA - J’ai particulièrement apprécié les nombreux exemples et anecdotes données pour illustrer le propos. Même si ce sont des thématiques sur lesquelles j’interviens tous les jours, il est toujours intéressant d’avoir un point de vue extérieur, de remettre les choses en perspectives.Concernant les stéréotypes et les préjugés, c’était en effet une vraie piqure de rappel et elles sont toujours nécessaires sur ces sujets. Le parallèle avec d’autres sujets de développement RH comme l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, qui a permis d’illustrer les notions abordées par les intervenants était aussi une vraie ouverture.
J’attend beaucoup du webinaire sur les évolutions règlementaires des lois sur le handicap en 2020, car c’est un sujet plus technique et que je maitrise moins.
Qu’est-ce que cette présence numérique vous a apporté pendant le confinement ?
DW - C’était utile et appréciable qu’une continuité soit assurée car cela a permis d’entretenir la dynamique et de conforter les actions conduites par la PFRH sur ce segment d’activités. Il est toujours intéressant de pouvoir disposer d’une veille d’actualité, d’une actualisation ou d’une remise à niveau des connaissances surtout dans le contexte particulier que nous vivons. Grâce à ces moyens techniques, non seulement nous sommes restés connectés à l’information et avons pu garder un lien avec nos partenaires, mais nous avons pu mener des réflexions et dégager des pistes de travail pour l’après-confinement.
Le webinaire est une modalité pratique et complémentaire qui mérite d’être utilisée de manière plus régulière
En conclusion, je dirais que c’était pour moi la première fois que je m’inscrivais à des webinaires et qu’au regard de l’expérience vécue, je n’hésiterais pas à la renouveler car c’est une modalité pratique et complémentaire qui mérite d’être utilisée de manière plus régulière. J’ajouterais que la qualité des interventions et des apports pédagogiques ont fait que ces séquences hebdomadaires sont vite devenues incontournables pour moi et je les ai inscrites dans mon planning et n’ai pas hésité à refuser des séances de travail autres pendant ces créneaux horaires.
JA - En temps normal nous avons des formations régulières, et je devais d’ailleurs en avoir une sur Paris pendant le confinement, qui a été annulée bien entendu. C’est important de conserver le lien et d’échanger sur des sujets professionnels pendant cette période d’isolement. La récurrence des webinaires permettait de se fixer un RDV dans la semaine où l’on savait qu’on allait se consacrer à une thématique en particulier, de pouvoir prendre un temps dédié. Ça permet aussi de lever un peu le nez du guidon et de changer le quotidien.
L’organisation du travail pendant le confinement est très différente du travail quotidien en agence, on a du tout réadapter. Ce nouveau mode d’organisation collait parfaitement avec les webinaires, on était vraiment près pour ça. Loin d’être une contrainte, c’était un bol d’air.
Propos recueillis par François Le Saux-Mari